BRAISE, roman

 

 BRAISE, éditions ARLEA





On m’appelle Valérie.

Mon vrai nom c’est Braise.

Mais je ne peux pas le prononcer tout haut, sous peine d’être instantanément réduite en cendres.


J’ai découvert par hasard ma véritable identité, vers mes huit ans, à la piscine.

Je suis née dans une famille normale, j’ai eu une enfance normale, je suis tout ce qu’il y a de plus normale à première vue. Mais moi je sais que pas du tout.

Je suis un phénomène.


D’abord, je ne supporte pas l’eau. Cette chose glauque où l’on barbote, non merci. Ça me donne des boutons. Quand j’étais petite, mes parents piquaient des crises pour que j’aille me laver. Ça durait des heures. Des heures de chantage qui ont abouti au shampoing à sec et au lait démaquillant.

Bon, une douche par semaine, d’accord, mais rapide.


Le docteur ne cesse de répéter que je vais avoir des problèmes rénaux si je ne bois pas plus de ce liquide insipide. Je lui ris au nez : Je suis indestructible, je dis, vous pensez ça parce que vous êtes jeune, il répond.

M’en fous.


Mais ça n’est pas tout.

Je suis pyromane.

J’ai mis le feu au cabanon de mes grands-parents quand j’avais huit ans. J’ai mis le feu au cul des criquets avec un bout de paille. Je fais exprès de faire brûler les tartines. Quand mes parents s’en vont, j’enlève le pare-feu de la cheminée et je regarde les escarbilles tomber sur le tapis. J’adore.


Mais il y a pire.

J’ai fait brûler le couloir du lycée l’année dernière parce que je ne voulais pas aller en cours de maths. J’ai incendié les poubelles de la cantine parce que la bouffe est dégueulasse.

Mon rêve, c’est de mettre le feu à ma propre maison. Celle de mes parents je veux dire. Mais j’ose pas.


Je me sens comme un pétard mouillé. J’ai besoin de brûler, encore et encore.


J’ai besoin qu’on m’allume.